Juste toi et moi ~ Kerrie

Si le début de la journée avait été speed, cela n’était rien comparé à l’après-midi que j’avais vécu. Je ne m’étais pas arrêté un seul instant, ne trouvant pas le temps de faire ma pause de l’après-midi si bien que j’étais sur les rotules en rentrant à mon appartement le soir. Il n’était que dix-huit heures mais j’étais fatiguée comme s’il était plus de vingt-deux heures. Je me posais trente minutes dans mon canapé, essayant de me reposer un petit peu avant de me préparer pour quand Maksim viendrait me chercher. Je manquais de m’endormir, je fus heureusement réveillé par ma sonnerie de téléphone. Je mettais toujours un réveil quand je m’allongeais dans mon canapé pour éviter de me réveiller super tard. Décidant de me bouger un peu, j’allais dans la salle de bain prendre une douche, espérant que cela me réveillerait un petit peu sinon la soirée allait tourner court si je m’en dormais dans le cinéma. La douche me fit le plus grand bien et je fus rapidement prête à sortir, n’attendant plus que le jeune homme. Patientant, je me mis à faire un peu de ménage dans mon appartement parce qu’il y en avait bien besoin si je recevais la visite de Maksim après la séance. J’avais toujours détesté recevoir dans un appartement pas rangé et même si ce n’était pas non plus le foutoir comme disait ma mère, un coup de ramassage des vêtements sales ne serait pas un luxe. Rapidement, on frappa à la porte et je souris en me doutant de qui il s’agissait. Cela se confirma quand, en ouvrant la porte, je vis Maksim sur le pas de ma porte. Il me demanda si j’étais prête mais je n’eus pas le temps de répondre qu’il déposait un baiser sur mes lèvres. Cela m’avait manqué, terriblement même. J’en avais eu envie quand nous nous étions retrouvés tous les deux ce midi mais je savais que Maksim n’était pas à l’aise avec les démonstrations alors je m’étais retenu. Je lui rendis son baiser en souriant avant de hocher la tête. « Pratiquement prête, je mets mes chaussures et on pourra y aller. » Ma paire de basket ferait l’affaire. J’eus rapidement fait de les mettre et je quittais alors mon appartement après avoir vérifié que je n’oubliais rien. J’avais mon sac et mon téléphone alors j’étais prête à partir. « Ça m’a manqué de ne pas te voir. » Autant être honnête même si je me doutais que Maksim devait s’en douter. Est-ce que ça lui avait manqué aussi? Aucune idée mais j’espérais quand même un petit peu.

J’aurais pu refuser de sortir ou même changer d’avis avec la journée que j’avais eu mais j’étais contente de pouvoir passer du temps avec Maksim. Tout simplement parce que je l’aimais. C’était idiot quand même, j’aimais un homme incapable de m’aimer en retour. Je savais que je devrais tout faire cesser, rompre avec Maksim pour trouver quelqu’un capable de m’aimer mais je n’arrivais pas à prendre cette lourde décision. Parce que malgré tout le mal que la situation pouvait me faire, je gardais l’espoir que le jeune homme finisse par tomber amoureux de moi. Mon cœur me disait de continuer alors que ma raison me disait d’arrêter. C’était loin d’être évident à vivre mais je me devais d’écouter mon cœur, j’aurais trop de regret sinon. C’est pour cette stupide raison que je souriais comme une idiote quand j’entendis frapper à ma porte. Parce que je me doutais qu’il s’agissait de Maksim. J’ouvris la porte, prête à lui dire que j’étais bientôt prête quand le jeune homme m’embrassa. Cela m’avait tellement manqué. Par la suite, j’enfilais ma paire de chaussures avant de suivre le jeune homme jusqu’à sa voiture. Je ne connaissais que très peu la ville même si cela faisait déjà plus d’un an que j’étais arrivé à Avalon mais je n’avais pas spécialement pris le temps de faire du tourisme. Mais je comptais bien sur Maksim pour me faire visiter un jour… Si notre histoire tenait assez longtemps pour cela. On arriva rapidement au cinéma et Maksim trouva facilement à se garer, chose qui me surpris un peu d’autant que la place n’était pas si loin que cela du cinéma. Arrivé devant ce dernier, Maksim acheta deux places pour le film que nous voulions voir avant d’aller s’installer dans la salle de projection. Je m’installais à ses côtés avant de sentir le jeune homme me parler à l’oreille. Ce qu’il disait me faisait sourire parce que c’était toujours agréable à entendre. Et puis, s’il aimait passer du temps avec moi, cela voulait peut-être dire que rien n’était encore perdu. « Je suis contente que tu m’ait proposé une telle sortie. » Ce qui était l’entière vérité. Cela m’avait manqué de passer du temps avec le jeune homme, d’autant que j’appréciais sa compagnie et pas seulement que nous nous retrouvions tous les deux dans un lit. Je posais ma main sur la sienne en souriant, serrant délicatement les doigts de Maksim entre les miens quand la salle fut plongée dans le noir. Le film allait commencer. Je profiais cependant des publicités pour me pencher vers le jeune homme, murmurant à son oreille pour ne pas déranger mes voisins. « Tu sais, cela fait bien longtemps que je ne suis pas allé au cinéma. Alors le faire avec toi me fait réellement plaisir. » Pour être honnête, je n'y étais pas réellement retourné depuis la mort de mes parents. Le cinéma avait toujours été notre sortie du week-end. Même si j'avais dû y retourner deux ou trois fois depuis 2004, j'avais toujours été relativement triste pendant les séances, ne suivant pas réellement le film à l'affiche. Mais ce soir, j'avais envie d'en profiter.

J’avais toujours aimé aller au cinéma, rester plongé dans une salle obscure à regarder un film. Mes parents aussi aimaient ça et c’était rapidement devenu un petit rituel qui avait cessé quand ils étaient décédés. Peter n’avait jamais voulu retourner au cinéma sans eux mais j’avais réussi à y aller deux-trois fois toute seule. Cela n’avait pas été facile la première fois mais aujourd’hui, accompagné de Maksim, cela prenait une dimension différente. J’allais peut-être aimé retourner au cinéma, c’était même plus que probable. Je ne pus m’empêcher de sourire quand il ajouta que l’on se croisait presque tous les jours au travail mais que l’on ne se voyait pas forcément plus. Il avait raison, nous travaillons au même endroit mais on ne passait pas plus de temps que ça ensemble. Mais cela pouvait se comprendre, nos métiers respectifs nous prenaient pas mal de temps et nous étions assez souvent fatigués le soir en rentrant. Mais ce soir, j’avais eu envie de sortir, de passer du temps avec le jeune homme car cela faisait bien longtemps que cela ne nous était pas arrivé. Rapidement, le film commença et je restais silencieuse, suivant le film pour éviter de perdre le fil. Ma main dans celle de Maksim, je vivais pleinement le moment et c’était réellement plaisant.

Pendant tout le film, je restais concentré, sentant de temps en temps la main du jeune homme quitter la mienne pour se dégourdir les doigts. Personnellement, c’était mes jambes qui commençaient à s’ankyloser à force de ne pas bouger. Si bien que malgré un bon film, je fus bien contente de pouvoir bouger quand ce dernier prit fin. Néanmoins, je n’étais nullement déçu par cette sortie improvisée le jour même. « C’était super. Très bon film d’ailleurs. » Récupérant mes affaires, je suivis Maksim jusqu’à sortir du cinéma. La nuit était tombée désormais et les étoiles brillaient dans le ciel. Je me tournais vers Maksim, un petit sourire aux lèvres. « Toujours partant pour aller manger un morceau chez moi? » Après tout, il pouvait très bien avoir changé d’avis et être trop fatigué pour terminer la soirée par un repas composé de restes chez moi. Ce que je pouvais parfaitement comprendre. Après tout, le jeune homme n’avait certainement pas arrêté de toute la journée et il avait peut-être envie de tout simplement se poser chez lui un petit peu.

J’avais beaucoup apprécié le film et j’espérais que c’était le cas également pour Maksim. Mais en même temps, il ne c’était pas endormi donc c’était que forcément il avait apprécié ce dernier. Je fus cependant étonné quand il ajouta qu’il avait trouvé que cela manquait d’action. Je n’avais pas trouvé personnellement mais comme on dit, les goûts et les couleurs, cela ne se commentait pas. En tout cas, retrouver l’air frais me fit le plus grand bien et me réveilla légèrement. Parce que j’avais commencé un peu à m’endormir dans le cinéma ainsi installé et au chaud dans la salle. Je demandais à Maksim s’il était toujours partant pour aller manger un morceau chez moi et je ne pus que sourire quand il ajouta que c’était à condition pour que je dise oui au fait qu’il reste dormir chez moi. Je ne disais de toute façon jamais non à une telle chose. « Tu sais très bien que ma porte t’es toujours ouverte… Et mon lit toujours disponible pour toi. » En même temps, je pouvais comprendre qu’il n’ait pas forcément envie de rentrer chez lui après avoir mangé. Après tout, il était déjà assez tard comme ça et ce serait encore pire après avoir mangé donc je préférais encore que Maksim me demande de rester dormir chez moi plutôt qu’il reparte et qu’il ait un accident. On arriva rapidement à la voiture et je laissais donc le jeune homme me raccompagner jusqu’à chez moi. Arrivé devant mon appartement, j’ouvris la porte et la refermais une fois que le jeune homme fut entré. J’enlevais mes chaussures avant de me diriger dans la cuisine pour voir ce qu’il me restait à manger. « Alors, il me reste des pâtes à la carbonara ou du risotto au chorizo. Tu préfères quoi? » Sachant qu’il y en aurait forcément encore assez pour un autre repas quel que soit ce que le jeune homme voulait manger. Une fois qu’il m’eut répondu, je fis réchauffer deux assiettes avant de les poser sur la table avec les couverts. Moi qui n’avais pas eu spécialement faim avant, voilà que je dévorais mon assiette avec appétit.

Je n’avais qu’une envie, rentrer chez moi. Après tout la fatigue de la journée commençait à se faire sentir et il allait encore falloir manger un morceau. Je n’aimais pas spécialement me coucher le ventre vide parce qu’au matin, j’avais tendance à trop manger. Je ne pus m’empêcher de faire un petit sourire en coin quand Maksim ajouta que mon canapé lui aurait suffi. Hors, il était hors de question que le jeune homme ne dorme dans mon canapé alors que j’avais un lit bien plus confortable que mon canapé. Mais je savais également qu’il me taquinait. On rentra chez moi et je fis donc chauffer deux assiettes de risotto parce que s’il faisait envie à Maksim, c’était également mon cas. Une fois à table, j’eus rapidement terminé de manger mon assiette avant d’étouffer un bâillement. J’eus un petit sourire avant de rougir légèrement face au compliment du jeune homme. Je n’étais pas spécialement douée en cuisine mais il y avait quelques recettes que je réussissais particulièrement bien et ce risotto en faisait partie. Mais il n’empêche que j’étais bien contente que Maksim me complimente sur ma cuisine. « Oh, je me défends mais de là à dire cordon bleu… Je ne cuisine que les recettes que je maitrise. » J’avais parfois tendance à faire trop cuire les plats que je ne maitrisais pas. Et ils étaient souvent immangeable avec leur goût de brûler. Ma mère était un réel cordon bleu et il m’avait appris quelques recettes que j’aimais reproduire, comme c’était le cas avec ce risotto. « C’est ma mère qui m’a appris à cuisiner… » Mais elle n’a jamais réussi à m’apprendre tout ce qu’elle connaissait sur la cuisine. Plus le temps passait et moins j’avais de difficulté à parler de mes parents, je remontais doucement la pente et j’aimais me souvenir des bons moments passés avec eux. C’était quand même une grande avancée pour moi. Je débarrassais la table avant de décider de remettre la vaisselle au lendemain parce que je n’avais pas le courage de faire du nettoyage ce soir. Je me tournais vers Maksim en souriant légèrement. « J’imagine que tu n’as qu’une envie: aller te coucher? » Parce que si c’était le cas, cela pouvait s’arranger. La fatigue commençait doucement à se faire sentir et je rêvais de retrouver mon lit.

J’étais bien contente que mon plat plaise à Maksim. Je n’avais pas la prétention d’être un réel cordon bleu ou même d’être douée pour la cuisine alors que l’on puisse me faire des compliments m’allait droit au cœur. Je partais de très loin quand même. Quand ma mère m’avait appris à cuisiner, j’avais quinze ans et je n’étais même pas fichue de faire cuire un œuf convenablement. Mais avec de la patience, elle m’avait appris quelques plats qu’elle tenait de sa famille, d’origines italiennes et ce risotto en faisait partie. Même s’il était en partie espagnol, je vous l’accorde. Je rendis son sourire à Maksim, voulant lui faire comprendre que ça allait. Parler de mes parents, et surtout de ma mère, ne me dérangeait plus autant qu’au début de notre relation. Parce que je savais désormais que le jeune homme pouvait comprendre ce que j’avais vécu même si lui n’avait perdu personne de sa famille. Par la suite, on débarrassa la table et je décidais que je ferais la vaisselle le lendemain, j’aurais toute la journée pour se faire. Je proposais alors à Maksim d’aller se coucher s’il était fatigué et sa réponse me fit sourire légèrement. Je n’eus pas le temps de répondre que le jeune homme posait ses lèvres sur les miennes alors que je glissais mes bras autour de son cou. Quand le baiser prit fin, il ajouta que l’on ferait comme je le voudrais. « Je veux bien aller me coucher moi aussi. Si tu veux prendre une douche, n’hésites pas d’ailleurs. » Je restais encore un peu contre Maksim, reposant mes lèvres sur les siennes un bref instant avant de prendre la direction de l’étage. Une fois dans ma chambre, je me glissais dans mon pyjama qui consistait simplement en un short de sport et un long t-shirt sans forme que je portais depuis bien des années. Je n’avais pas spécialement changé physiquement depuis mes quinze ans même si l’arrêt du surf m’avait fait prendre du poids et c’était à peu près à cette époque que j’avais eu ce t-shirt, avec un koala accroché à une branche dessus. Un petit bout de mon pays natal en Angleterre. Une fois en pyjama, je me glissais sous la couette, contente de retrouver la chaleur et le confort de mon lit.

La soirée c’était très bien passée et j’étais contente que Maksim ait accepté de la terminer chez moi et même de passer la nuit avec moi. Cela me donnait l’impression que nous étions un vrai couple et c’était pour le moins agréable. Parce que malgré tout l’amour que je pouvais avoir pour lui, je me demandais assez fréquemment dernièrement si tout ceci était une bonne idée, si je faisais bien de toujours espérer qu’il tombe amoureux de moi et s’il était encore capable de tomber amoureux. Et c’était dans ce genre de moment que je me rendais compte que oui, ça en valait la peine. J’étais d’accord avec Maksim sur le fait d’aller nous coucher et quand je lui proposais de prendre une douche, le jeune homme refusa gentiment, il en avait déjà pris une. Je hochais simplement la tête avant de me glisser dans mon pyjama puis dans mon lit, attendant que Maksim ne revienne. Je ne perdais pas une miette du spectacle quand il me rejoignit dans le lit, simplement revêtu de son boxer. Je ne pus m’empêcher de sourire en sentant les lèvres du jeune homme dans mon cou avant de rire quand il me demanda si je ne serais pas mieux sans mon t-shirt. « Je crois pouvoir dire que toi, tu as une idée derrière la tête. » Et cela me faisait sourire. Après tout, nos soirées finissaient parfois comme cela et je ne m’en plaignais jamais. Je me redressais donc pour enlever mon t-shirt, l’envoyant à travers la chambre avant de me réinstaller confortablement dans mon lit. « Monsieur est satisfait? » Je me rapprochais de lui en souriant avant de déposer moi aussi un baiser dans son cou. J’avais envie de me coller à lui mais en même temps, la distance entre nos deux corps était assez excitante, me faisant doucement sourire.